La Châtre : dix siècles d'Histoire

Une origine controversée

Historiens et érudits locaux ont émis plusieurs hypothèses sur l'origine de La Châtre : un oppidum gaulois, un camp romain, une origine chrétienne avec la fondation d'un monastère dédié à saint Vincent au VIIe siècle. En l'état actuel des connaissances historiques et archéologiques, seule une origine féodale est attestée, les premières sources évoquant La Châtre remontent au XIe siècle.

XIe-XIIIe siècles : une cité médiévale

 

L’installation d’un collège de chanoines par Ebbes de Déols au milieu du XIe siècle marque les débuts de la cité. Se regroupent alors autour de la collégiale quelques maisons, un cimetière, un espace marchand, constituant un enclos canonial. À proximité de celui-ci aurait existé un enclos castral : à l’origine sans doute simple construction en bois remplacé à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle par une tour en pierre avec une basse-cour. À la fin du XIIIe siècle, la cité commence à s’étendre en dehors de l’enceinte canoniale comme en témoignent les vestiges de maisons du XIIIe siècle rue Tourtelat et rue d’Olmor. Vers 1240, la chapelle Saint-Jean est édifiée « hors les murs » ; un Hôtel-Dieu est installé au sud de la ville. Les seigneurs de La Châtre – les Déols puis les Chauvigny – sont peu présents à La Châtre. Les chanoines du chapitre Saint-Germain, dotés de nombreux privilèges, occupent une place prééminente dans la cité.

XIVe-XVe siècles, le Moyen Âge tardif

Tanneries sur les rives de l'Indre
Tanneries sur les rives de l'Indre

Le XIVe siècle est marqué par les débuts de la guerre de Cent ans qui crée, dans nos campagnes, un climat d’insécurité et les plonge dans un marasme économique. À ces faits de guerre, vient s’ajouter la grande épidémie de peste de 1348-1349 qui n’épargne pas La Châtre.

Au début du XVe siècle, en réponse à cette insécurité, la Ville se dote de nouvelles enceintes. La superficie de la ville passe alors d’environ 2 hectares à plus de 5 hectares, incluant dans ses murs la chapelle Saint-Jean et le couvent des Carmes. Des faubourgs ont commencé à se peupler vers le nord, l’est et le sud.

Les bords de l’Indre accueillent moulins à blé et à tan, tanneries et teintureries qui vont contribuer, avec les foires et marchés, à la prospérité de la ville. La vigne s’installe sur tous les coteaux des alentours devenant la principale activité agricole, elle donne du travail à de nombreux artisans. 

XVIe-XVIIe siècles

La Maison-Rouge
La Maison-Rouge

 

 Au cours du XVIe siècle, La Châtre s’affirme comme une ville marchande avec trois grandes foires franches annuelles.

Une bourgeoisie commerçante se développe ainsi qu‘une bourgeoisie de robe liée à l’implantation de nombreuses juridictions. La Ville s’embellit de nombreuses constructions encore visibles aujourd’hui.

Au XVIIe siècle, avec le mouvement de la Contre-Réforme, de nouvelles congrégations religieuses s’installent dans la ville et construisent des couvents à l’extérieur des enceintes.

 

Le dynamisme de la Ville est décrit par les chroniqueurs de l'époque (Chaumeau en 1556, Nicolas de Nicolay en 1567). 

XVIIIe siècle

Maison Henri de Latouche
Maison Henri de Latouche

Au XVIIIe siècle, La Châtre devient une ville royale. Elle est le siège de nombreuses juridictions (Prévôté, Election, Bureaux des Tailles et des Aides, Grenier à sel...) et compte une trentaine d'officiers de justice, quatre présidents, cinq procureurs du roi. Ces positions sont fréquemment occupés de père en fils par une bourgeoisie souvent d'origine terrienne Elle compte aussi quelques familles nobles qui ont leur résidence en ville.

 

Des hôtels particuliers, encore visibles aujourd'hui, sont édifiés dans les quartiers centraux de la ville. A la fin du XVIIIe siècle, des aménagements et travaux permettent à la ville de s'agrandir (destruction des enceintes du XVe, de la chapelle Saint-Jean, transfert du cimetière aux Capucins).

XIXe siècle

Le Palais de  justice
Le Palais de justice

Le XIXe siècle fut une période de transformation pour la Ville. Au moment de la Révolution, des biens appartenant jusqu’alors à des communautés religieuses furent acquis par la Ville qui les affecta à un hôpital, à un établissement d’enseignement secondaire, au siège de la municipalité…

Au cours de la deuxième moitié du XIXe, la construction de nombreux bâtiments publics fut entreprise (abattoir, palais de Justice, sous-préfecture, gare, écoles, caserne de gendarmerie…) et la ville connut une expansion de son territoire bâti par la création d’un nouveau quartier menant à la gare.

 

 

Ce siècle fut également marqué par une vie artistique et culturelle intense pour une ville de sa taille. Son théâtre reçut des acteurs et actrices célèbres et disposa pendant un temps d’une troupe permanente ; des journaux se créèrent à La Châtre pendant cette période. George Sand contribua aussi à faire connaître ce petit coin du Berry en recevant chez elle à Nohant de nombreux artistes, écrivains et hommes politiques.

XXe siècle

Rond-point de la sous-préfecture et avenue de la gare
Rond-point de la sous-préfecture et avenue de la gare

Dès les premières années du XXe siècle, La Châtre fut reliée par le chemin de fer aux villes environnantes : Châteauroux, Argenton Guéret, Montluçon.  Jusqu’à la guerre de 1914-1918, les travaux d’aménagement de la Ville continuèrent.

L’expansion de la Ville se poursuivit après la deuxième guerre mondiale jusqu’à constituer un tissu urbain ininterrompu avec les communes de Montgivray, du Magny et de Lacs.